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Publié le 12 septembre 2018

Françoise Percevault-Cazaurang, « Recruter, c’est avant tout accompagner et conseiller les entreprises et les candidats »

Françoise PERCEVAULT

Consultante Sénior en charge du recrutement des fonctions Marketing & Commerciales chez ManageriA, Françoise Percevault-Cazaurang nous fait découvrir les différentes facettes de son métier.

Un métier exigeant qui nécessite rigueur, curiosité, écoute et empathie.

CT : Quelle est votre mission chez ManageriA ?

FP : Je suis Consultante Sénior en charge de recruter des profils Marketing et Commerciaux pour nos clients industriels des produits agroalimentaires transformés, Distributeurs GMS/RHF, Enseignes de Restauration…

« La valeur ajoutée d’un Recruteur spécialisé ? Sa connaissance de l’écosystème. »

CT : Quelle est votre valeur ajoutée auprès des entreprises ?

FP : Côté entreprise, ma valeur ajoutée, c’est la connaissance des organisations, des métiers Commerciaux et Marketing, des secteurs et des professionnels de l’agroalimentaire acquise par 18 ans de pratique ! Je dispose d’un réseau actif et très étendu qui me permet d’accéder à de l’information et aux candidats rapidement.

Grâce à ma connaissance et à mon réseau, ma mission consiste d’abord à informer l’entreprise sur la réalité et les enjeux du marché et à l’orienter au regard du « marché candidats ». L’objectif est de définir un brief profil cohérent et d’éviter ainsi d’avoir à chercher vainement le fameux mouton à 5 pates, dont une plus courte que les autres !

Chez ManageriA, les Consultants sont spécialisés par secteurs et métiers de l’agroalimentaire. Je consacre donc beaucoup de temps et d’énergie à faire de la veille sur les secteurs et les métiers dont je suis en charge, à benchmarker les organisations, les rémunérations… Mais aussi à suivre l’actualité des entreprises, à me tenir informée des dernières évolutions, par exemple sur les négociations des industriels avec la GMS ou bien encore les dernières tendances de consommation en restauration.

C’est l’ensemble de cette culture, de ces connaissances sectorielles mais également notre réseau de candidats que nos clients achètent, au-delà de l’efficacité de notre méthodologie de vraie chasse de têtes (et non seulement de cueillette sur les réseaux sociaux !)

« J’essaie de sortir du très codifié entretien de recrutement ! »

CT : Et quel est votre rôle vis-à-vis des candidats ?

FP : Côté candidats, j’ai la chance de rencontrer des profils riches et variés. Il peut s’agir de candidats que nous avons chassés. Il y a évidemment aussi ceux qui postulent dans le cadre d’une procédure de recrutement en cours. Enfin, lors des Rencontres mensuelles de ManageriA, je reçois beaucoup de professionnels de l’agroalimentaire qui veulent que nous réfléchissions ensemble à leur carrière.

Dans tous les cas, je m’efforce de passer le temps nécessaire avec ces personnes pour bien comprendre leur parcours, leurs moteurs, leurs aspirations. Au-delà de ce que ces personnes ont réalisé dans le cadre de leur fonction, j’essaye d’appréhender dans quel contexte professionnel elles ont évolué, les plaisirs qu’elles ont eus, leurs frustrations aussi.

Il n’est d’ailleurs pas rare que je commence un entretien en demandant à la personne non pas ce qu’elle sait faire mais… ce qu’elle aime faire !

De même, quand une personne ne me raconte que des expériences idylliques dans des entreprises parfaites et bla bla bla et bla bla bla… (rires) je l’invite rapidement à sortir du discours promotionnel façon « tête de gondole » et à redevenir sincère car… ce n’est pas un défaut !

En bref, j’essaye de vivre de vraies rencontres, j’essaye de sortir du sacramentel et très codifié entretien de recrutement !

Déontologie oblige, je ne pose toutefois jamais de question sur des critères discriminants !

« Comme l’environnement du Marketing évolue perpétuellement, je ne m’ennuie jamais. »

CT : Pourquoi avoir choisi de travailler sur des fonctions Commerciales et Marketing dans l’agroalimentaire ?

FP : D’abord parce que j’ai une vraie affinité avec les produits ! Ainsi, je recherche souvent où aller acheter une très bonne glace, consommer un bon burger, découvrir un nouveau concept de vente à emporter !

Ensuite, plus sérieusement, parce que j’aime le tempérament des hommes et des femmes de l’Agro. Ce n’est pas une légende, on dit souvent que les gens sont « sympas » dans l’agroalimentaire. Je le confirme et je partage leur passion pour ce secteur d’activité !

Enfin parce que les fonctions Marketing et Commerciales sont en constante évolution, ce qui rend mon métier d’autant plus passionnant. Pour réussir dans leur fonction, les professionnels du Marketing doivent être innovants, créatifs, connectés aux tendances, en un mot « agiles ». Avec le développement du Marketing Digital, beaucoup de professionnels se sont formés, ont enrichi leur bagage. Leur métier a changé, ils se sont adaptés. De même pour les profils Commerciaux qui évoluent dans des contextes micro ou macro sans cesse changeants : un nouveau contexte de négociation avec la Grande Distribution ; une hausse exceptionnelle du prix matière première ; l’apparition de tendances de consommation hors-domicile inédites… Les profils Commerciaux développent donc de nouvelles compétences, notamment en rapport avec les nouvelles technologies, pour faire face à ces nouveaux enjeux.

Au final comme l’environnement Marketing et Commercial de l’Agro évolue perpétuellement, je suis challengée dans mon métier de Recruteur et je ne m’ennuie jamais !

« Il faut avoir le goût des autres ! »

CT : Quelles sont les qualités d’un bon Recruteur ?

Il faut être très curieux, aimer les rencontres et savoir écouter.

C’est vrai quand on rencontre un DRH, un Directeur Commercial ou Marketing qui nous confie une mission… C’est à partir de cet échange que la confiance peut s’installer, et qu’il y aura – c’est important pour moi – le plaisir de travailler ensemble à la réussite d’un projet.

C’est aussi vrai dans la relation avec les candidats… Avant de valoriser l’opportunité d’un nouveau poste, il faut aller à leur rencontre, avec tact et respect pour leur cheminement professionnel, leurs questionnements, leurs doutes… Là aussi j’aime instaurer la confiance dans ces relations.

Le bon reflexe est sans doute de se mettre à la place de la personne à qui l’on propose un poste ou qui candidate. On établit ainsi, je pense, un rapport équilibré, dans la transparence.

Il m’arrive de rencontrer des professionnels qui sont en situation difficile ou sans emploi. J’ai énormément de respect pour ces personnes car je pense que cela peut arriver à tout le monde à un moment donné de son parcours. Etre « dehors », c’est dur. Etre un bon Recruteur, c’est aussi savoir trouver les mots pour permettre à la personne d’exprimer son plein potentiel.

Et puis, il y a tout l’accompagnement du candidat dans son parcours de recrutement. J’organise des rencontres auxquelles je crois avec l’entreprise, parce que je pense que les aspirations réciproques peuvent matcher. Si certains candidats me demandent de les préparer à l’entretien, je leur donne la liste des ingrédients (tout ce que je sais de l’entreprise, du poste etc…) mais pas la recette ! Toujours par souci de laisser l’authenticité parler.

« Les parcours atypiques sont une vraie richesse pour les organisations ! »

Dans le cadre des missions qui me sont confiées je m’intéresse particulièrement aux parcours atypiques conduits par opportunité ou par accident. Peut-être parce que moi-même j’en ai suivi un ! J’ai en effet évolué vers le recrutement après une première carrière dédié au Conseil RH et Droit Social aux entreprises. La compétence-passerelle fut dans mon cas le conseil aux entreprises mais je me suis totalement “reprogrammée” sur un nouveau champ d’expertises.

Les profils atypiques sont une vraie richesse pour les organisations ! Et la plupart du temps, dans ma short-list, il y a un parcours, un profil atypique.

Ce candidat n’a pas suivi la formation ou la carrière toute tracée pour accéder à l’emploi proposé. Mon métier consiste alors à identifier les passerelles entre ses compétences et savoir être acquis et l’intérêt de l’entreprise qui recrute. Et sincèrement je suis assez fière d’avoir convaincue certains clients de s’intéresser à ces personnes !

« Je questionne tant que je n’ai pas saisi exactement ce que le client ou le candidat met derrière chaque mot. »

CT : Combien de temps prend un recrutement ?

FP : Cela dépend des différentes phases du processus.

Au départ je prends beaucoup de temps lors du brief client, je questionne beaucoup, j’ai besoin de comprendre ! Et pour cela, je n’hésite pas par exemple à enfiler des sur-chaussures, une blouse et une charlotte pour aller dans l’usine. On peut trouver cela étonnant parce que je recrute pour des fonctions Marketing et Commerciales, et non des fonctions de Production. Mais justement, ces fonctions interagissent avec la Production, la R&D, la Qualité … Donc je demande à visiter les usines, et j’adore ça !

Cette collecte en amont d’un maximum d’informations est nécessaire pour une communication optimale auprès des candidats que je vais rencontrer. Rien de pire pour un candidat que de sortir d’un rendez-vous avec un Recruteur sans rien savoir de l’entreprise, du poste etc…

Ensuite, beaucoup de temps pour un premier entretien avec un candidat, puis un second, enfin un autre échange autour de la restitution du test de personnalité. La rédaction du dossier de présentation élaboré à l’attention du client est aussi un certain investissement. Je m’efforce d’y présenter les réalisations professionnelles, logiques de parcours, aspirations du candidat et d’apporter une évaluation la plus complète possible. Chaque personne est unique, mon dossier de présentation doit être aussi riche que le candidat ne l’est !

« Un « Merci » vaut tous les chèques du monde. »

CT : Qu’est ce qui est gratifiant dans votre métier ?

Je suis une affective, donc quand on me fait confiance c’est une marque de reconnaissance de mon professionnalisme. J’y suis extrêmement sensible.

Ensuite, il est vrai aussi qu’un « Merci » vaut tous les chèques du monde, notamment dans un métier où les résultats peuvent parfois s’apprécier dans le temps. Le « Merci » des entreprises que l’on a conseillées dans leur recrutement est vraiment très valorisant. Quand on me dit « Vous aviez raison ! », cela crédite toute l’énergie que je mets à entretenir un réseau, à comprendre les entreprises, les métiers, les environnements et les personnes.

Le retour positif des candidats auxquels j’ai ouvert des perspectives – même quand ils ne sont pas au final retenus – me va encore plus droit au cœur !

« Les nouvelles formes de travail vont permettre de dépasser le problème de mobilité. »

CT : Inversement, qu’est-ce qui est le plus pesant dans votre métier ?

FP : Je dirais que c’est quelques fois le sentiment de ne pas avoir toujours suffisamment d’informations sur l’entreprise. C’est parfois le cas avec les nouveaux clients. Ces derniers hésitent à me parler de leur stratégie, à me donner des informations clefs pour le recrutement parce qu’ils ne me connaissent pas encore.

Par ailleurs, la procédure de recrutement en entreprises est parfois trop complexe, trop longue. Trop de décideurs pour recruter un collaborateur, trop de temps alors même que les candidats sont motivés pour obtenir des dates d’entretiens… Perte de temps signifie de plus en plus perte de candidats notamment sur les métiers à forte tension et ils sont nombreux en Agro ! Il est donc vrai que si je pouvais avoir une baguette magique… j’accélèrerais le temps.

Enfin, nous avons un double problème : des candidats peu mobiles géographiquement et des entreprises qui ne souhaitent pas de collaborateurs en Home Office ! Et pour certaines fonctions cela peut être vraiment problématique !

Mais je suis plutôt optimiste ! Les entreprises sont forcées de renforcer leur attractivité et de proposer différentes formes de collaboration à des candidats qui alternent de plus en plus salariat et entreprenariat.

Home office, célibat géographique, formes alternatives de travail, intrapreneuriat, nouvelles collaborations… vont de fait et par la force des choses se multiplier.

Je pense donc que les nouvelles formes de travail et de collaborations vont permettre de dépasser ce problème de mobilité.

 « Un logiciel ne peut pas remplacer la rencontre humaine, ni la réflexion sur un projet d’entreprise … »

CT : Quelle est votre valeur ajoutée en comparaison des formules de recrutement digital ?

FP : Mon métier consiste à gérer des flux d’informations et des rencontres. Un logiciel de recrutement, aussi performant soit-il, ne peut pas me semble-t-il remplacer la rencontre humaine, la conviction que l’on met à convaincre un candidat, la réflexion sur un projet d’entreprise …

Ainsi quand une entreprise me contacte pour un brief, je suis en mesure de lui dire si le profil qu’elle recherche est réaliste parce que je connais la réalité du marché candidats.  Sur un cas donné, je peux rapidement éclairer l’entreprise et lui dire : « Il y a au maximum en France 30 personnes avec ce profil rare :  7 ont bougé il y a moins de deux ans de leur poste et ne seront pas intéressés, et la plupart sont déjà en termes de rémunération au-dessus de votre proposition… Par contre, je pense à une personne dont je sais qu’elle est ouverte aux opportunités parce que nous avons échangé voici 15 jours… »

Cela fait gagner du temps !

Les nouvelles technologies de sourcing et de gestion de bases de données notamment sont des outils que nous améliorons sans cesse chez ManageriA. Toutefois, rien de mieux qu’une méthodologie d’approche directe et notre interaction avec la CommunAuté ManageriA pour être performants au service de nos clients !

Le recrutement opéré par un DRH digital risque fort de déshumaniser ce qui ne doit pas l’être.

« Je ne suis pas devenue Grand Reporter, mais le recrutement me permet d’utiliser ma curiosité différemment. »

CT : Que vouliez-vous faire enfant ?

FP : Je voulais être Joseph Kessel ! Je voulais être Grand Reporter, écrire et faire le tour du monde avec un appareil photo, écouter et voir pour témoigner…

Aujourd’hui je ne suis pas Grand Reporter, mais le recrutement me permet d’utiliser ma curiosité différemment. Plutôt que d’explorer des pays, j’explore des domaines, des entreprises, des métiers et des personnes, dans un secteur – l’agroalimentaire – qui se renouvelle sans arrêt.

CT : Quelle est votre Madeleine de Proust ?

FP : C’est la tarte aux pêches de ma maman … incomparable !

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Propos recueillis par Christelle Thouvenin pour ManageriACrédit photo : Bastien Louvet